Présentation du projet

COENOTUR

Coenobia Turonensia Liturgica & Cantus

Liturgie et chant dans les manuscrits (ixe-xive siècles)

  

Programme de recherche

Tours, au cœur de la renovatio carolingienne

Le rôle de la cité des Turones dans l’histoire de la liturgie franco-romaine est attesté de longue date par le biais de Grégoire de Tours, un des auteurs majeurs de l’Histoire des Francs, témoin essentiel des usages et pratiques religieuses des temps mérovingiens. Depuis Clovis et les premiers rois francs, l’évêché de Tours et sa puissante abbaye Saint-Martin, lieu de pèlerinage majeur, s’impose rapidement comme haut lieu de production de martinelli et de livres liturgiques (bibles, sacramentaires).

Dès son arrivée d’York pour la mise en œuvre de la politique cultuelle et culturelle de Charlemagne, Alcuin, comme Théodulphe à Orléans ou Benoît d’Aniane en Septimanie, fut très impliqué dans l’élaboration de livres, notamment des bibles mais encore des sacramentaires pour les célébrations liturgiques. Dans ce vaste cadre impérial où les savants lettrés allaient et venaient entre leurs monastères, évêchés et la Cour palatine d’Aix-la-Chapelle, plusieurs disciples d’Alcuin vinrent à Tours pendant leur jeunesse, tel Wala, futur abbé de Corbie et Amalaire, futur évêque de Metz. Dans son Liber de ordine antiphonarii (écrit vers 830), Amalaire évoque ces livres empruntés à Rome et à Metz, rapportés à l’abbaye de Corbie, dans cette même unité culturelle de la Francia occidentalis – issue de la Neustrie mérovingienne - dont Tours et Angers bordent les contours méridionaux.

Un centre oublié des éditions et études musicologiques

Comble pour une ancienne capitale liturgique et musicale de ne pas figurer dans les grandes éditions monastiques que représentent les travaux de Dom Hesbert : ni l’AMS (Antiphonale missarum sextuplex), ni le CAO (Corpus Antiphonalium Officii) n’inscrivent à leur compte de source tourangelle. Probablement à cause d’une forte dispersion et une très mauvaise conservation des témoins manuscrits : un missel de Saint-Martin ou de Marmoutier disparaît dans l’incendie de Metz en 1944 (Metz BM 1157), peu après d’autres livres conservés à Tours même (incendie de la bibliothèque municipale en juin 1940). Les sacramentaires carolingiens partagés entre la bibliothèque municipale de Tours et la Bibliothèque Nationale de France (lat. 9430 et Tours BM 184), mal reliés et séparés artificiellement, présentaient alors une trop grande dispersion de leurs cahiers pour permettre une reconstitution de ce livre avant 1935. D’autres missels neumés, du début du xiie siècle, partaient dans des collections privées (manuscrit dit « bonhomme » à l’abbaye de Solesmes) tandis que le bréviaire de Marmoutier, pourtant du xie siècle (seconde moitié) – Rouen BM 243 – ou le missel conservé au Diocèse de Tours, contemporain, restaient ignorés des inventaires, des index comme des grandes bases en ligne, qui n’ont intégré que deux bréviaires des xiiie-xive siècles (Tours BM 149 et 153).

Après l’étude de Dom Guilmard, qui réhabilite Tours comme lieu important pour la diffusion de l’Office au ixe siècle (art. « Origine de l’Office grégorien », Ecclesia orans 23, 2006/1, p. 42-79), la clarification des contributions de cette métropole à la diffusion de la Messe, des textes du sacramentaire réformé et de l’Office, semble essentielle à l’histoire de la liturgie de l’époque (post-)carolingienne. C’est bien à Tours qu’un Supplément pour l’instauration des fêtes de la Sainte-Croix et de la Trinité, avec ses lectures extraites d’un sermon d’Alcuin, ‘De fide’, ont été largement diffusés dans l’Imperium. De plus, les interactions et différenciations entre plusieurs églises de la métropole, le chapitre cathédral St-Maurice, homonyme à celui d’Angers, l’abbaye de St-Martin, qui ne tarde pas à se transformer en chapitre de chanoines, les abbayes de Marmoutier et de Cormery, le prieuré de St-Venant ou encore l’église St-Julien, méritent investigation. Tours est manifestement au centre de plusieurs réseaux, entre Neustrie, Îles Britanniques et réseaux monastiques bénédictins et ecclésiastiques, en Aquitaine et jusqu’aux marches d’Espagne et à Tolède comme Braga.

 

Bases de données et outils numériques

-          Les sources manuscrites : livres liturgiques notés (description)

-          Cartographie détaillée des centres

-          Indexation de manuscrits (entrée par incipit, fête…)[1]

-          Édition critique des mélodies/textes WalaT (Western Antiphonalium Liturgicum Auxilium Turonensis)

 

Publication électronique online

AMST (Antiphonale Missarum Sextuplex Turonensis)

CAOT (Corpus Antiphonalium Officii Turonensis)

 

 

 

 

 



[1] Interopérable avec Cantus Index Database.